Éducation interculturelle : un espace de rencontre ou un champ de lutte?
Beatriz Barrios  1@  
1 : École des hautes études en sciences sociales
Centre Maurice Halbwachs : SSPD-Formation Sciences de la Société, SSPD-Formation Sciences de la Société

Problématique

La participation à des projets éducatifs interculturels favorise la constitution de sujets politiques, la promotion culturelle et la revendication de certaines formes de territorialité. Cela peut avoir un impact déterminant sur l'acceptation d'un secteur de la population et sur le renforcement de son influence politique, sociale et économique sur un territoire donné. Cette influence peut être utilisée pour atteindre un projet politique et social d'un secteur de la population en particulier. Pour illustrer cette hypothèse, je vais vous montrer l'expérience d'une école interculturelle dans le sud-ouest de la Colombie (Cajibio, Cauca). On y construit un espace de rencontre entre différentes populations rurales où sont véhiculés des intérêts liés au renforcement de la territorialité autochtone, qui vise à grossir la population bénéficiaire pour l'allocation de ressources à l'école. Ce qui est en jeu est la constitution d'un du territoire collectif indigène pour participer aux ressources de l'État. Le défi consiste à augmenter le nombre d'élèves inscrits à l'école et le nombre de familles inscrites au recensement de la communauté autochtone.

L'étude de ce cas permet d'analyser la dynamique des relations entre les institutions de l'État et les populations visées par les politiques multiculturelles, notamment l'interprétation, l'appropriation et la contestation des normes (du cadre juridique de l'État) de la marge d'action de chaque acteur. Ces pratiques rendent compte des formes de représentation de la nation, de ses territoires et de ses populations à travers la construction de catégories et de technologies de gouvernement qui désignent les formes de participation sociale.

 

Méthodologie

Le matériel ethnographique a été obtenu dans le cadre d'une enquête de terrain pour l'élaboration d'une thèse de doctorat qui a eu lieu à Cajibio, Cauca, entre janvier et avril de 2018.

Compte tenu de la nature complexe de l'objet de la recherche, j'ai opté pour une stratégie qui fait appel à diverses méthodes, principalement documentaire et ethnographique. La méthode documentaire a été utilisée pour analyser des documents (articles de recherche et thèses de doctorat) qui permettent de comprendre le contexte et les problématiques de l'éducation interculturelle en Colombie et dans le Cauca.

La méthode ethnographique a été utilisée pour l'étude de cas et comme techniques d'enquête, l'entrevue qualitative semi-structurée en profondeur et l'observation participative in situ.

 



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