OUVERTURE D'UN ESPACE D'INTIMINÉ: LA LITTÉRATURE
Sofia Tessler De Sousa  1, 2, *@  
1 : Simone Moschen
2 : Lívia Dávalos
* : Auteur correspondant

À l'ocasion d'une rencontre internationale dont le sujet central est l'Éducation, Genre et Migration: opportunités et menaces dans un contexte de discours de haine en ligne, il semble intéressant réfléchir sur les effets de la littérature au coeur de la vie quotidienne, aussi bien que la centralité du langage par rapport aux relations du genre. Il existe une pensée située dans l'oeuvre de Bell Hooks, Apprendre à transgresser, l'Éducation comme pratique de la liberté qui nous invite a revenir sur l'art de la parole et les mouvements historiques et sociaux dans lesquels nous vivons. Quelles usages faisons-nous de la parole? La présence de la littérature est-elle un moyen de s'éveiller vers la parole vivante? Peut-elle favoriser les réinventions des narratives du monde et les styles de notre présence en lui? La langue n'est-elle pas vivante? Cette écrivaine et philosophe américaine nous signale la transgression inhérente à la langue lorsqu'elle dit «autant que le désir, la langue éclate, elle se refuse d'être retenue aux limites des frontières». Les études poststructuralistes font l'usage du concept de genre en tant que construction historique, sociale et linguistique dans les relations entre sujets, corps, savoir et pouvoir. Comment la littérature nous amène à faire un usage poétique du langage afin de repenser fréquemment les productions de sens qui permettent des contours aux expériences humaines? Les idées de Michèle Petit en ce qui concerne la littérature et la poétique de l'espace, surtout l'espace subjectif, peuvent élargir cette réflexion. L'écrivaine et anthropologue française, dans son ouvrage, nous amène à différents contextes de vie dans plusieurs pays où l'acte d'ouvrir un livre ou raconter des histoires permet la possibilité d'habiter un autre monde. L'exercice d'ouverture est-il une création vers l'intimité? Il existe un dialogue entre Bell Hooks et Michèle Petit: l'art de la partole implique une prise de position éthique-politique et un engagement à porter un regard critique qui peuvent provoquer un mouvement discret, presque invisible, porteur des transformations possibles. Ces deux femmes renforcent l'exercice indispensable d'assumer la position de sujets de nos propres histoires, qui rapproche également les idées et les actions de Paulo Freire. Ces questions ont lieu a partir de mon expérience, depuis 2016, en tant que conteuse dans un collectif appelé Com Fio no Conto [en français, Le Fil au Conte], composé de cinq femmes, toutes psychologues et une également actrice. Ce collectif est lié au Centre de Recherche en Psychanalyse, Éducation et Culture (NUPPEC) de l'Université Féderal du Rio Grande du Sud, avec le partenariat de la professeure Simone Moschen. Dans ce projet, réalisé a Porto Alegre/Brésil, nous racontons des histoires toutes les deux semaines dans une institution clinique, éducative et interdisciplinaire (FADEM) destinée aux enfants et aux adolescents provenant d'un contexte de vulnérabilité sociale et psychique. Comment l'usage poétique du langage peut-il nous aider à trouver des outils pour l'invention, toujours provisoire, d'un autre monde habitable? Dans un contexte d'intolérance face aux différences, il semble que la présence de la littérature et les ouvertures d'un espace d'intimité peuvent contribuer à ces discussions. 



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