Genre et pauvreté: réflexions sur la place sociale des femmes pauvres dans le sud du Brésil
Aline Accorssi  1@  
1 : Universidade Federal de Pelotas = Federal University of Pelotas

Dans ce travail, nous cherchons à connaître quelques impacts psychosociaux que la condition de la pauvreté imprime sur ceux qui la subissent, à partir de la représentation sociale de la pauvreté dans une approche intersectionnelle. Le terme pauvreté est une catégorie sociale qui surmonte les limites de l'économique. Il s'agit, en effet, d'un concept complexe et polysémique. Quand nous définissons les pauvres comme un groupe social, leurs identités individuelles et sociales sont ainsi établies. La pauvreté (et ceux qui sont socialement reconnus dans cette situation) a occupé des lieux de représentation différents selon l'ensemble d'intérêts et des forces existants dans son moment historique. Nous supposons que l'aide reçue publiquement par une personne dans une communauté détermine son état de pauvreté. Être bénéficiaire d'une aide est une marque d'identité de leur condition, c'est-à-dire c'est un critère de leur appartenance sociale à un rang spécifique de la population; un rang sous-évalué qui est définie par la dépendance. Il s'agit donc d'une relation inégalitaire, où une partie de la population occupe un espace de complémentarité par la destitution de l'autre. Notre réflexion part donc du fait que les définitions et les classifications sont créées et adoptées par une collectivité et ont des effets sur la subjectivité des personnes qui en sont affectées. Quelles sont, ainsi, les représentations sociales qui émergent de l'expérience des femmes en situation de pauvreté qui utilisent des politiques d'assistance sociale dans le sud du Brésil? Cette recherche empirique, qualitative et exploratoire, a été divisée en deux étapes. Tout d'abord, quatorze entretiens narratifs ouverts ont été menés. Ensuite, nous examinons un groupe de discussion connu sous le nom de cercle épistémologique basé aux idées de Paulo Freire, comprenant également douze participants. Tous les sujets de la recherche étaient des femmes en situation de pauvreté, des mères ou des femmes qui s'occupent de cinq enfants en moyenne. Le corpus a été soumis à une analyse de contenu du type thématique. Les résultats montrent que la représentation sociale de la pauvreté s'articule autour de deux dimensions: la première caractérise la pauvreté par des biais socio-économiques et montre le manque comme l'élément central pour cette représentation ; et la seconde met en valeur des questions morales. Dans le biais socio-économique, nous avons la description des situations de pénurie et des stigmates construits quotidiennement qui s'ajoutent aux attributions traditionnelles de genre. Dans le biais de la moralité se dévoile des caractéristiques considérées comme culturellement positives, notamment liées à la maternité. Nous concluons en soulignant que la réflexion sociale sur la pauvreté et le genre sont complémentaires. Ces représentations favorisent la résistance contre une souffrance quotidienne, ainsi que la résignation ou l'acceptation du lieu social assigné.



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