Les étudiants migrants entre le marteau et l'enclume. Cas des étudiants algériens migrant vers la France.
Houa Belhocine  1@  
1 : Laboratoire méditerranéen de sociologie
Aix Marseille Université : UMR7305, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR7305

La situation de crise profonde que vit l'Algérie actuellement, nous a incitées à aborder des recherches sur les migrations estudiantines d'aujourd'hui. En effet, l'Algérie est en phase décisive qui lui impose d'opérer un tournant pour affronter l'après hydrocarbures. Aujourd'hui, l'Algérie n'a pas d'autre choix que d'investir dans les ressources humaines et de rétablir les valeurs et les politiques qui tissent les relations de confiance et construisent la cohésion et l'intégration sociale. Seul le rétablissement d'un climat de confiance et de cohésion serait susceptible d'enrayer l'émigration et d'inciter au retour les compétences nationales établies à l'étranger.

Notre recherche a visé une approche systémique débutant de l'étude du projet d'émigration des étudiants inscrits dans des établissements universitaires à Alger aux perspectives de retour au pays ou d'immigration dans le pays d'accueil. Pour ce faire, nous avons mené une étude de terrain auprès des étudiants algériens à Paris et à Marseille et ceux qui sont à Alger. La période est entre 2017 et 2020. Les outils de recherche sont le questionnaire et le guide d'entretien.

Les résultats préliminaires de cette étude montrent des stéréotypes positifs vis-à-vis des étudiants migrants et aussi des attitudes favorables au départ. Ils montrent aussi des projets migratoires auprès de la quasi-totalité des étudiants des filières scientifiques et technologiques. En ce qui concerne l'étude menée à Paris et à Marseille, nos recherches montrent que les étudiants algériens ne projettent pas de retourner au pays avant l'âge de retraite ou avant de se réaliser complètement. Notre recherche démontre aussi les difficultés que vivent les étudiants algériens au pays et dans le pays d'origine. En effet, les appréhensions et les politiques de restriction en France et la mal-vie en Algérie laissent nos les jeunes algériens se trouver entre le marteau et l'enclume. Les étudiants algériens pris dans le double piège de « la fin de l'étudiant étranger » (S. SLAMA.1999) et celui en Algérie de « la fin du travail » (J. RIFKIN. 1996) et sont confrontés au double blocage social et spatial, ils aspirent au jour où ils seront libres de circuler dans le monde et de vivre bienheureux dans leur pays. L'université algérienne pourrait-elle relever le défi ? Pourrait-elle offrir aux jeunes étudiants des formations et des débouchées dignes ou seront-ils toujours obligés de prendre des risques et partir loin pour qu'ils puissent se construire ou se réaliser?


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